Racine : résumé de Britannicus (1669)
Cette pièce, une de celles que
Racine a le plus travaillées, faillit néanmoins ne pas réussir au
théâtre ; mais le public ne tarda pas à revenir de son erreur. Tous les
caractères y sont tracés avec une étonnante perfection. Agrippine est fière,
ambitieuse, avide de pouvoir, sacrifiant sa vie, celle de son fils, la vertu,
tout enfin, au désir de régner. Si elle parait s’intéresser à l’amour de
Britannicus et de Junie, c’est pour se ménager un appui dans la disgrâce dont
elle est menacée. Le caractère de Néron est tracé de main de maître. C’est
Néron à son début dans le crime, encore hésitant entre le bien et le mal, entre
Burrhus et Narcisse. Narcisse est le digne confident d’un tel monstre. C’est le
portrait fidèle d’un courtisan perfide et habile, qui flatte les passions de
son maître pour mieux s’emparer de lui et le gouverner. Burrhus n’est pas tracé
avec moins de vigueur. Ministre d’une vertu austère, il résiste aux vues
ambitieuses d’Agrippine comme aux vices de son maître ; mais lorsqu’il
connait les horribles desseins de son élève, il se laisse emporter à tout le
feu de l’indignation et son éloquence semble un moment triompher de ce monstre.
Britannicus a une figure franche et généreuse.
La candeur, l’ingénuité, l’amour
timide et modeste de Junie viennent jeter sur ce tableau une teinte
douce d’intérêt et de sensibilité qui charment. Mais le vice ne triomphe pas
tout à fait et le poète a soin de nous faire voir dans l’avenir les
remords, les tourments s’attachant à Néron et lui faisant expier son crime.
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