Le
théâtre racinien
Le
théâtre de Racine peint la passion comme une force fatale qui détruit celui qui
en est possédé. On retrouve ici les théories jansénistes : soit l'homme a reçu la
grâce divine, soit il en est dépourvu, rien ne peut changer son destin, il est
condamné dès sa naissance. Réalisant l'idéal de la tragédie classique, le
théâtre racinien présente une action simple, claire, dont les péripéties
naissent de la passion même des personnages.
Les
tragédies profanes (c'est-à-dire Esther et Athalie exclues) présentent un couple
de jeunes gens innocents, à la fois unis et séparés par un amour impossible
parce que la femme est dominée par le roi (Andromaque, Britannicus, Bajazet, Mithridate)
ou parce qu'elle appartient à un clan rival (Aricie dans Phèdre).
Cette rivalité se double souvent d'une rivalité politique, sur laquelle Racine
n'insiste guère.
Dans
ce cadre aristocratique qui, à partir de Bajazet, devient un lieu commun prétexte à
la naissance d'une crise, les personnages apprennent que le roi est mort ou
vaincu : ils se sentent alors libres de déchaîner leurs passions. Or,
l'information est rapidement démentie. Le retour du roi met les personnages
devant leurs fautes et les pousse, selon leur nature intérieure, à se repentir
ou à aller jusqu'au bout de leur rébellion.
Les
sources d'inspiration gréco-latines
Les
sources d'inspiration de Jean Racine sont nombreuses et variées.
Le professeur J. Scherer mentionne, dans son étude
sur Bérénice que Racine, afin de fixer le personnage, cite Suétone,
notamment le chapitre VII de sa Vie de Titus. Il
établit également qu'il existe un parallèle entre Virgile et Racine, fondé sur
des notions assez conventionnelles. Jean-Pol Caput, dans sa présentation de Britannicus note que Racine a
puisé dans les Annales de Tacite (livres XI à XV) non seulement
l'essentiel des faits qui forment la trame de la tragédie, mais encore l'esprit
dans lequel l'historien latin les traite. Racine aurait aussi
lu le traité de Sénèque Sur la clémence et la tragédie du même
auteur Octavie qui ont inspiré certains détails au poète.
Jean
Racine lui-même ne dissimule pas ses sources gréco-latines et les indique
ouvertement. En effet, dans sa preface à Phèdre, Racine écrit:
« Voici encore une tragédie dont le sujet est pris dans Euripide. Quoique
j'ai suivi une route un peu différente de celle de cet auteur pour la conduite
de l'action, je n'ai pas laissé d'enrichir ma pièce de tout ce qui m'a paru
plus éclatant dans la sienne. » Racine cite également Sénèque dans sa
préface, ajoutant qu'il a suivi l'histoire de Thésée, telle qu'elle figure dans
Plutarque.
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