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viernes, 29 de enero de 2016

Appréciation littéraire et analytique

Appréciation littéraire et analytique



« Le sujet des Horaces, qu’entreprit Corneille après celui du Cid, était bien moins heureux et plus difficile à manier. Il ne s’agit que d’un combat, d’un événement très simple, qu’à la vérité le nom de Rome a rendu fameux, mais dont il semble impossible de tirer une fable dramatique. C’est aussi de tous les ouvrages de Corneille celui où il a dû le plus à son seul génie. Ni les anciens ni les modernes ne lui ont rien fourni : tout est de création. Les trois premiers actes, pris séparément, sont peut-être ce qu’il a fait de plus sublime, et en même temps c’est là qu’il a mis le plus d’art… mais au commencement du quatrième acte, la pièce est terminée, le sujet est rempli. Il s’agissait de savoir qui l’emporterait de Rome ou d’Albe : 

les Curiaces sont morts ; Horace est vainqueur ; tout est consommé. Ce qui suit forme non seulement deux autres pièces, ce qui est un vice capital, mais, par un effet malheureusement rétroactif, nuit beaucoup à la première, en ternissant le caractère qu’on vient d’admirer, et rendant odieux gratuitement le personnage d’Horace, qui avait excité de l’intérêt. L’une de ces deux actions, ajoutées à l’action principale, est le meurtre de Camille, qui est atroce et inexcusable ; l’autre est le péril d’Horace mis en jugement, et accusé devant le roi par un Valère qu’on n’a pas encore vu dans la pièce, et cette dernière action est infiniment moins attachante que la première, parce qu’on sent trop bien qu’Horace, qui vient de rendre un si grand service à sa patrie, ne peut pas être condamné. Ces trois actions bien distinctes, qui, ne pouvant se lier, ne peuvent que se nuire, composent un tout extrêmement vicieux… Mais, du moins l’auteur, en se réduisant à ces trois actes, pouvait-il faire un tout régulier ? Je ne le crois pas ; car il n’y avait pas de dénouement possible.



Les ressources si ingénieuses qu’à trouvées Corneille pour relever la simplicité de son sujet ont un grand inconvénient : c’est de mettre des personnages principaux dans une situation dont il ne peut les tirer heureusement ; car je suppose qu’il voulût finir à la victoire d’Horace, comme la nature du sujet le lui prescrivait, que deviendra cette Camille oui vient de perdre son amant ? C’est un principe convenu que le dénouement doit décider de l’état de tous les personnages d’une manière satisfaisante. Que faire de Camille ? La laisser résignée à son malheur était bien froid, et, de plus, contraire à l’histoire qui est si connue. 

La tuer flétrit le caractère d’Horace, et, de plus, commence nécessairement une seconde action ; car on ne peut pas finir la pièce par un meurtre si révoltant. Et Sabine ? Elle n’est pas si importante que Camille ; mais il faut donc la laisser aussi pleurant ses trois frères ? Rien de tout cela ne comporte un dénouement convenable ; et quoiqu’il y ait de l’art à mettre les personnages dans des situations difficiles, cet art ne suffit pas : l’essentiel est de savoir les en faire sortir. Corneille n’en trouvant pas le moyen, a pris le parti de suivre jusqu’au bout toute l’histoire d’Horace, sans se mettre en peine de la multiplicité d’action. Ce ne fut pas ignorance des règles, ce fut impossibilité de faire autrement…

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